Buildings

Centre municipal de Winnipeg (hôtel de ville et Immeuble de l’administration)

Address:510, rue Main
Use:Immeuble du Conseil et Immeuble administratif
Constructed:1962 à 1963
Other Work:1967, construction d’un tunnel souterrain (Entrepreneur : Peter Leitch Construction)
1968, modifications à l’Immeuble de l’administration
1973, rénovations
2003, nouvelle conception de la cour de l’hôtel de ville par le cabinet d’architecture paysagère Scatliff Miller Murray
Architects:David Thordarson
Bernard Brown
Firms:Green Blankstein Russell

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En 1947, un comité particulier a été créé par la Ville en vue de prévoir un nouvel hôtel de ville. Vers le milieu du XXe siècle, plusieurs facteurs poussaient Winnipeg vers la construction d’un nouvel immeuble. Des commentaires de l’époque décrivent l’ancien hôtel de ville comme « un charmant pastiche d’antan ». En fait, dans les années 1950, la population de la ville de Winnipeg avait presque décuplé depuis 1886. De plus, un compte rendu du génie a révélé la possibilité d’un effondrement et la non-viabilité structurale de la tour de l’horloge, ainsi que des problèmes de sécurité incendie.

Le 23 octobre 1957, une majorité de votants, soit 79 %, se sont prononcés en faveur d’un règlement municipal autorisant la dépense de 6 millions de dollars pour la construction d’un nouvel hôtel de ville. Le résultat était considéré comme une victoire importante pour le maire d’alors, Stephen Juba. Ce plébiscite comprenait également un référendum complémentaire demandant aux citoyens et aux citoyennes de choisir entre deux emplacements possibles pour la nouvelle structure : un site situé dans le coin nord-est de l’angle de Broadway et la rue Osborne Nord (en face du Palais législatif du Manitoba, où se situe aujourd’hui le parc Memorial) ou le site actuel (et historique) de l’hôtel de ville, situé à l’ouest de l’angle de la rue Main et de l’avenue Market. Une majorité de votants – à savoir 24 918 contre 15 630 – ont choisi le site du Palais législatif. Ces deux scrutins ont amorcé la planification d’une construction nouvelle, un processus mis en train par un concours d’architecture national. Parmi les juges du concours (rendu public le 2 juin 1958), on comptait des sommités de l’architecture, notamment Pietro Belluschi, doyen de l’architecture au Massachusetts Institute of Technology; Ralph Rapson, chef de l’école d’architecture au University of Minnesota; Alfred Roth, doyen de l’architecture à l’École polytechnique fédérale de Zurich et rédacteur du journal de design Werk; Peter M. Thornton, collaborateur au Royal Institute of British Architects et auteur du St. Paul’s College de l’Université du Manitoba, basé à Vancouver; ainsi qu’Eric W. Thrifts, directeur de la commission métropolitaine de planification pour la conurbation de Winnipeg. Le projet s’est avéré accrocheur pour des architectes du pays entier – plus de 210 propositions ont été reçues.

La soumission gagnante du concours a été annoncée le 16 décembre 1959. Le choix unanime des cinq juges était l’œuvre de la société d’architecture winnipégoise Green, Blankstein, Russell and Associates, dont les concepteurs principaux étaient Bernard Brown, Don Bittorf et David Thordarson. Le plan gagnant présentait un mode d’expression distinctement moderniste. Comme la majorité des autres soumissions, il mettait en vedette un ensemble de deux immeubles – une tour de dix étages « fine, aux lignes pures » composée de vitre et de maçonnerie, assortie d’un « deuxième bâtiment accueillerait les services municipaux traitant directement avec le public, ainsi que la salle du Conseil, par-dessus lesquels s’étendrait une toiture en béton ondulé. » (Winnipeg Free Press, le 16 décembre 1959).

Les discussions se sont toutefois poursuivies, principalement en raison d’une initiative présentée par le nouveau premier ministre provincial, Dufferin Roblin par laquelle un nouveau complexe artistique et culturel serait construit sur la rue Main. En juin 1958, Roblin, membre du Parti progressiste-conservateur, avait remplacé le premier ministre Campbell, qui avait accordé à la Ville de Winnipeg le site sur Broadway pour la construction du nouvel hôtel de ville. Au mois de décembre suivant, les plans du nouveau gouvernement pour ce qu’on appelait un « programme de grande envergure pour l’élimination des taudis » dans le secteur de Point Douglas-Sud du centre-ville ont été publiés. Le projet comprenait l’aménagement d’un centre municipal englobant un nouvel hôtel de ville, une galerie d’art et un bâtiment qui hébergerait une bibliothèque, dont les coûts s’élèveraient à 13 millions de dollars. La part de la Ville devait se chiffrer à 3,25 millions de dollars, et le reste serait financé par les autres paliers de gouvernement. L’offre était trop belle pour être refusée, et le 23 février 1959, le Conseil municipal de Winnipeg a voté 14 à 3 en faveur des plans de rénovation urbaine.

Le projet d’un secteur municipal et artistique plus développé a pris de l’élan grâce à la juxtaposition des centenaires prochains : le centenaire du Canada en 1967, le centenaire du Manitoba en 1970 et le centenaire de Winnipeg en 1974. Le premier apportait un financement fédéral pour des initiatives de ce genre. En 1960, les plans ont été formalisés par le premier ministre Roblin et par Maitland B. Steinkopf. Trois ans plus tard, la Société du Centre du centenaire du Manitoba fut établie et on choisit M. Steinkopf pour surveiller ses progrès. L’ensemble d’immeubles résultant de ces efforts – la Salle des concerts du Centenaire, le Musée du Manitoba et le planétarium du Centre du Centenaire, ainsi que le nouvel hôtel de ville, l’Immeuble de la sécurité publique et le Royal Manitoba Theatre Centre – a introduit dans le centre de la ville, non loin du quartier historique de la Bourse, un modernisme architectural à grande échelle.

Les travaux de construction du Centre municipal de Winnipeg ont débuté en octobre 1962. Pour cause du déplacement du site original sur Broadway à celui de la rue Main, Green Blankstein Russell and Associates, ainsi que les concepteurs principaux Bernard Brown et David Thordarson, ont modifié de manière importante les plans qui avaient remporté le concours. La nouvelle conception de l’hôtel de ville a maintenu la paire d’immeubles composée d’un grand et mince bloc destiné aux fonctions administratives jumelé avec un bloc plus court et ouvert abritant la salle du Conseil. Les deux bâtiments ont été placés en vis-à-vis, avec une place ouverte située au centre. Ce qui motivait cet agencement était l’emplacement du site de la rue King où se situe aujourd’hui l’Immeuble de la sécurité publique, qui devait, à l’époque, accueillir le gouvernement de la conurbation métropolitaine de Winnipeg; Brown et Thordarson étaient contraints de maintenir la visibilité de cette structure depuis l’angle de l’avenue Market et de la rue Main, en direction de la rivière Rouge. Qui plus est, depuis l’illustre intersection de l’avenue Portage et de la rue Main, le nouveau bâtiment était situé de telle façon qu’il donnait l’impression qu’il bornait la rue Main, qui dévie vers l’est à cet endroit.

À l’angle des rues Main et King, l’Immeuble du Conseil de l’hôtel de ville présente une façade de deux étages et demi mettant en vedette une colonnade en pierre de Tyndall. La ligne directrice de la colonnade – et du Centre municipal – est l’alternance entre le court et le long, avec des colonnes placées en double entre de grandes baies. Des côtés est et ouest de l’Immeuble du Conseil, cet agencement crée un ensemble de trois baies à la fin de la colonnade qui confère une impression d’immensité à cette composition. À l’intérieur de ces baies repose un élément clé de l’immeuble : trois écrans en bronze suspendus à la hauteur du premier étage. Ces écrans, qui ont pris un teint vert foncé, rappellent les brise-soleil stéréotypiques du modernisme rendus populaires par l’architecte helvético-français Charles-Édouard Jeanneret, mieux connu sous le pseudonyme de « Le Corbusier ».

La salle du Conseil repose sur un socle de granit poli de couleur gris anthracite en provenance du Québec. Comme la colonnade, cet élément rappelle les modèles classiques gréco-romains de l’architecture des temples, ainsi que les conceptions néoclassique et académique, et accorde une allure de dignité et de révérence qui convient au rôle important que joue la structure. Sous les colonnades, le socle est agrémenté par des bancs en granit intégrés, créant un endroit où les membres du public peuvent s’asseoir et se reposer, ce qui donne un air plus décontracté à la conception majestueuse de l’hôtel de ville. Derrière la colonnade et les écrans, le mur extérieur de l’immeuble reproduit l’effet des colonnes en double par le moyen de pilastres engagés en pierre de Tyndall. On retrouve, entre les pilastres à l’étage inférieur, une base en granit et des sections alternantes de briques en verre verdâtres et de fenêtres élancées. Au premier étage, à l’ombre des écrans, se dressent des murs composés entièrement de verre. L’un des traits distinctifs de la structure est la série de minces bandes transparentes situées entre le plafond de la colonnade et de l’immeuble – un motif éclaircissant répété à maintes reprises à l’intérieur de l’ensemble.

La façade de l’Immeuble du Conseil donnant sur la rue William reprend ce modèle de pilastres engagés en double que l’on retrouve le long des autres côtés de l’immeuble, ainsi que les sections de blocs en verre et de fenêtres hautes répétées le long de ses trois baies. C’est aussi le cas de la façade intérieure nord, mais ici les baies extérieures sont dotées de larges fenêtres au deuxième étage. Du même côté, la baie centrale est en retrait à l’intérieur de l’Immeuble du Conseil même, ce qui crée une grande entrée abritée, semblable à un portique. Des murs en vitre donnent à cet espace une impression d’ouverture entre l’intérieur et l’extérieur, entre le citoyen et le gouvernement. Le deuxième étage comporte également un balcon au sommet d’un vestibule de verre et de maçonnerie, non loin du bureau du maire, d’où l’on peut prononcer des discours publics.

L’intérieur du bâtiment est revêtu de pierre de Tyndall, et les planchers sont faits de granito d’un riche gris anthracite. L’Immeuble du Conseil a été conçu pour abriter le service juridique municipal et le Bureau du greffier au rez-de-chaussée. Au deuxième étage, on a prévu la salle du Conseil, une galerie pouvant accueillir 200 personnes, le bureau du maire, les salles des comités et le salon des échevins. Le sous-sol devait comprendre des salles de tabulation de votes, un petit musée et une salle de presse. En raison de contraintes budgétaires, le musée n’a jamais vu le jour. Depuis l’atrium, on peut voir la salle du Conseil, qui se trouve au même niveau que le palier de la mezzanine. Le but de cette configuration, d’après le concepteur Bernard Brown, était de « donner aux résidents une relation plus intime avec les politiciens ». Depuis le palier, on peut apercevoir l’entrée, ainsi que le vestibule du bureau du maire au deuxième étage. Ceci, en combinaison avec le mur d’entrée en vitre et l’utilisation généralisée de vitres intérieures et de fenêtres hautes, confère à l’immeuble un aspect clair et ouvert. La salle du Conseil bénéficie d’un éclairage naturel considérable provenant de deux fenêtres de hauteur double en briques de verre faisant face au sud, de deux lanterneaux et de fenêtres hautes. Elle est meublée de lutrins faits sur mesure et de partitions de bois de couleur châtain. Des ornements en bronze figurent sur nombre de ses éléments architecturaux et décoratifs. Comme la maçonnerie, le bronze a été choisi par les architectes comme matériau pour évoquer un sentiment de dignité et d’importance.

Tout comme l’Immeuble du Conseil, l’Immeuble de l’administration de l’hôtel de ville repose sur un socle en granit poli de couleur gris anthracite en provenance du Québec. Ici, toutefois, la structure rejoint le trottoir et elle est dépourvue de la plateforme ouverte qui encercle le bloc législatif, ce qui correspond au rôle plus modeste joué par cette section du complexe. La façade de l’entrée, qui fait face au sud, est orientée vers l’Immeuble du Conseil et donne sur une petite cour. Au départ, l’espace gravitait autour d’une large piscine carrée ayant à son cœur une fontaine. Un enclos en granit de couleur gris anthracite encerclait la piscine. Celle-ci était mise en valeur par deux jardinières dans les coins nord-ouest et nord-est qui contenaient chacune, respectivement, un cerisier angulaire et des fleurs saisonnières. Comme le marché historique de la ville devait être remplacé par les bureaux administratifs métropolitains, le concepteur envisageait cet espace comme un endroit où l’on pouvait accueillir un marché hebdomadaire. Le maire de l’époque, Stephen Juba, aurait pourtant déclaré : « Il n’y aura pas d’éleveurs de poules dans les parages de mon hôtel de ville. »

En 2003, la cour de l’hôtel de ville a été redessinée par la société Scatliff Miller Murray; la nouvelle conception met en vedette une plus petite fontaine dans le coin nord-est, au niveau du sol, entourée de masses structurales en pierre calcaire brute. C’est à ce moment qu’on a planté sur la place de nombreux ormes du Japon – bien que le cerisier d’origine y demeure – et qu’on y a posé des pavés graphiques décoratifs aux tons de crème, anthracite et bordeaux. La cour de l’hôtel de ville est partiellement enfermée par deux ailes d’un étage qui longent et bloquent la cour des rues Main et King. Devant ces ailes et la section principale du bloc administratif, un péristyle s’aligne sur celui de l’Immeuble du Conseil. L’espace est rendu plus intime par cet élément à l’image d’un cloître. Il y a deux larges ouvertures près de la tour et de l’entrée du péristyle. Ces dernières étaient conçues de manière à renfermer deux escaliers qui devaient donner sur un jardin public aménagé au deuxième étage. En haut de la colonnade se trouve une courte balustrade en pierre de calcaire avec des supports doublés – un attribut qui répète le motif des colonnes en double que l’on retrouve partout dans l’ensemble d’immeubles. Cette balustrade entoure un espace au deuxième étage où l’on prévoyait une terrasse-jardin, mais celle-ci a été supprimée en raison de compressions budgétaires. À la suite de l’unification en 1972 de Winnipeg et des 12 municipalités adjacentes, des armoiries de céramique de chacune des collectivités ont été ajoutées à la cour.

Sous la cour, les deux sections du complexe municipal sont reliées par un tunnel. La longue galerie souterraine était, à l’origine, destinée aux portraits des maires. Au niveau du sol, les deux ailes courtes longeant les côtés est et ouest de la cour étaient conçues pour héberger les services des taxes et de l’aide sociale. Le concepteur Bernard Brown a décrit ces sections de manière poétique : elles représentent une main qui prend et l’autre qui donne. L’aile ouest abrite aujourd’hui un café, alors que l’aile est demeure inoccupée. Ces sections, ainsi que les cinq étages principaux des façades nord et sud de la tour administrative, sont dotées de murs rappelant la conception de l’étage inférieur de l’Immeuble du Conseil. Ici, des pilastres en double en pierre de Tyndall forment une grille assortie de murs-tympans. Suspendue à l’intérieur des baies, cette grille crée des murs composés de blocs de verre verdâtres et de fenêtres. Dans la tour, ces baies comportent également des sections de pierre de couleur anthracite ressemblant à une balustrade. Les baies du deuxième étage de la tour, dont la vue domine sur l’espace où la terrasse-jardin devait se situer, sont pleines de blocs en granit poli qui alternent avec des rangées de fenêtres. Cet élément crée une impression de profondeur et d’immatérialité; la section supérieure du bâtiment semble flotter par-dessus un espace ouvert. Ainsi, la tour rappelle le geste typiquement moderniste de poser un grand bloc sur un espace vide; les pilastres correspondent à ce qui est autrement connu sous le nom de pilotis. Des côtés est et ouest, des fenêtres ayant des balustrades assorties en pierre de couleur gris anthracite figurent au centre de la tour. Le restant des façades se compose de grandes étendues de pierre de Tyndall. La section inférieure du côté rue James du bloc administratif renferme une entrée donnant sur des aires de stationnement et de chargement.

Design Characteristics

  • Coût approximatif : 5,5 millions de dollars
  • La salle du Conseil repose sur un socle en granit poli de couleur gris anthracite en provenance du Québec. Sous les colonnades, le socle est agrémenté par des bancs en granit intégrés, ce qui crée un endroit où les membres du public peuvent s’asseoir et se reposer et donne un air plus décontracté à la conception majestueuse du bâtiment.
  • L’intérieur de l’immeuble est revêtu de pierre de Tyndall et ses planchers sont faits en granito d’un riche gris anthracite.
  • La conception originale comprenait un musée au sous-sol, mais celui-ci n’a jamais vu le jour.
  • L’utilisation fréquente de vitre intérieure, de fenêtres hautes et d’espaces ouverts intérieurs confère à l’immeuble un aspect clair et ouvert.
  • Les deux immeubles municipaux sont reliés par un tunnel sous la cour.